Metz et la légende du Graoully
« En visite au marché de Noël à Metz, j’ai remarqué près de la cathédrale un triangle en bronze sur lequel figurait l’effigie d’un monstre.
Explications ......
A Metz, plusieurs circuits touristiques sont matérialisés par de petits triangles dorés.
L’un d’eux emmène le visiteur sur les traces du Graoully. Entre les VIIIe et XVe siècles, son histoire a connu plusieurs versions.
On le décrivait comme une espèce de dragon avec des yeux rouges brillants, des ailes de chauve-souris et un corps recouvert d’écailles vertes tirant sur le brun.
Ses courtes pattes étaient munies d’impressionnantes griffes.
A la nuit tombée, il volait au-dessus de la ville et on le disait capable de dévorer une dizaine de personnes chaque jour.
Il vivait dans les souterrains du grand amphithéâtre romain.
Un manuscrit du XIe siècle évoque la présence de serpents qui en interdisaient l’entrée et empoisonnaient la contrée de leur haleine fétide.
En regard de l’Église catholique, le Graoully symbolisait le démon et le culte des idoles païennes.
Au IIe siècle, l’évêque saint Clément fut envoyé dans la cité pour convertir les Messins au christianisme.
Pour lui, l’abandon de ce culte était la seule solution au salut des âmes. Le peuple s’engagea à se soumettre si le saint pontife le débarrassait de ce fléau.
L’homme de Dieu, rassemblant quelques frères, célébra une messe et terrassa les monstres par un signe de croix.
Puis, au moyen de son étole, il attacha le Graoully et lui ordonna, au nom de la Sainte Trinité,
de passer la Seille avec sa troupe empestée et de ne plus réapparaître.
À Metz au XIe siècle, le Graoully représenté sur une bannière prit place dans les processions des Rogations.
Lié au culte antique de la fertilité, l’étrange animal devint aussi le protecteur des moissons nouvelles.
Au fil des siècles, un monstre aux mâchoires articulées vit le jour.
Les boulangers jetaient des petits pains en guise de salaire au porteur du Graoully. Les enfants le fouettaient et lui jetaient des pierres.
François Rabelais (1494-1553), alors médecin à Metz, en fit une description dans son ouvrage «Le Quart Livre» :
« C’estoit une effigie monstrueuse, ridicule, hydeuse et terrible aux petitz… »
Ce rituel annuel, qui provoqua de nombreux désordres, fut supprimé par l’Eglise en 1786.
Le dragon réapparut au rang de faire-valoir lors des fêtes de Carnaval. Verlaine l’évoqua d’ailleurs dans ses Confessions (1895).
De nos jours, l’effigie de cet animal mythique est devenue l’un des emblèmes de la ville.
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